Discuter avec les enfants est toujours enrichissant, pour eux mais également pour les coachs. Alors chaque semaine nous nous réunissons et nous abordons un sujet en fonction des informations, souvent sportives, ou un sujet lié à ce que l’on a vécu ensemble dans la semaine (entrainements, match, comportement en dehors du terrain, la nourriture française, etc …). Les enfants étant anglophones, cet exercice leur permet en même temps de travailler l’expression orale en français.
Cette semaine, le sujet était :
– Pourquoi avez vous eu envie de faire du football ?
– Pensiez vous en faire un jour votre métier ?
– Et comment imaginiez vous la vie d’un footballeur ?
Les réponses n’ont pas toujours été vraiment dans le sujet mais qu’importe, la participation a été très bonne, parfois surprenante et même amusante.
Je veux vous faire partager ces moments , avec les réponses que j’ai eu, en gardant leurs expressions mot pour mot. Chose surprenante, ce sont les moins bavards habituellement qui ont osé parler le plus facilement.
Le premier est AKWASI Sasah, avec un grand sourire, il se lance :
« Coach, quand j’étais petit, j’aimais le foot parce que j’aimais jouer l’argent, l’argent, (faire des matches et miser de l’argent). Mon père me donnait de l’argent pour manger à l’école et je le jouais en faisant des matchs. Après, avec ce que je gagnais je pouvais manger plus. »
Sasah adore toujours manger.
– Et tu gagnais souvent ?
Oui coach
– Tu jouais dans une équipe ?
Non coach. Et puis un jour un ami m’a trahi, il a tout dit à mon père. J’ai alors été puni et frappé. Il m’a dit que ce n’était pas bien, et que si je voulais jouer au foot il fallait que je cherche une équipe. La première que j’ai trouvée n’était pas bonne, j’ai donc changé pour une équipe qui jouait mieux et c’est là que j’ai rencontré KOFI, (autre enfant de l’académie). Les gens m’appelaient Diego Maradona, car je dribblais beaucoup, mais je ne savais pas qui c’était. Maintenant que je le sais ça me fait plaisir, et je suis fier car chez moi et dans mon quartier les gens continuent à m’appeler comme ça.
– Et tu voulais être professionnel ?
Je ne savais pas ce que c’était, pour moi le foot c’était le KOTOKO (club de première division à Kumasi, Ghana), j’étais un supporter de cette équipe. Puis à l’Académie j’ai découvert LIVERPOOL, et surtout GERARD, maintenant c’est l’équipe que je supporte.
Et tu joues toujours l’argent, l’argent ?
Non Coach ! »
Tout le monde riait dans la salle, et comme par magie tout les enfants voulaient à leur tour parler de eux.
Le deuxième à prendre la parole est Richard ANTWI.
À toi Richard
Coach quand j’étais pétit je jouais beaucoup dans mon quartier avec mes amis, et à l’école. J’aimais m’amuser avec mes amis. Et puis un jour l’équipe à coté de chez moi n’avait pas de gardien, et j’aimais garder, alors ils m’ont demandé de jouer avec eux.
Il faut savoir que Richard était plutôt un petit gabarit en taille et en poids, et en Afrique les enfants frêles n’ont pas souvent leur place dans les équipes de jeunes.
Mais un jour il y a eu pénalty contre nous, et un grand a tiré un boulet dans ma cuisse, j’ai arrêté le péno mais j’ai aussi arrêté de garder.
Éclats de rire dans la salle, des enfants et des coachs, sa grimace montrait la douleur qu’il avait dû ressentir.
Après j’ai joué numéro dix, c’est là qu’on a commencé à m’appeler Oreba, j’étais heureux car c’était un joueur connu du KOTOKO. Je supportais moi aussi cette équipe.
Tu voulais devenir professionnel ?
Je ne savais pas non plus, que le foot pouvait être un travail, mais je rêvais de jouer un jour pour les Blacks Stars.
Et tu le rêves toujours ?
Oui coach, et j’y arriverais.
Richard joue toujours numéro 10 avec l’Académie, il lui arrive parfois lorsqu’ils s’amusent sur leur temps libre de jouer dans les buts, mais il annonce toujours aux autres « Y a pas boulet !!! ok ? «
D’autres joueurs se sont aussi exprimés, il y a eu encore des réponses surprenantes et amusantes. Je vous les rapporterais une autre fois, avec plaisir.
GUILLOU Luc, Manager projet de l’Académie JMG du Ghana