Yacouba Sylla, le milieu montpelliérain, capitaine du Mali, en dépit d’une qualification peu probable en quarts de finale, perçoit un bel avenir pour les Aigles, qui affrontent l’Ouganda ce mercredi (20h00) à la CAN.
Après deux matches, le Mali est dos au mur et dans l’obligation de gagner face à l’Ouganda ce mercredi soir (*). Quelle analyse faites-vous de ces deux premiers matches ?
C’est un sentiment mitigé. On a fait un bon premier match contre l’Egypte (0-0). Ensuite, on a fait une bonne mi-temps contre le Ghana (0-1), on méritait le point du match nul. Les autres résultats ne nous sont pas favorables. Aujourd’hui, on n’a plus notre destin en nos mains. On va faire le maximum…
Classement du groupe D
Cela fait maintenant deux Coupes d’Afrique que la sélection, deux fois demi-finaliste (2012, 2013), n’a pas gagné un match. Comment l’expliquez-vous ?
Je ne dirais pas qu’il y a un blocage, mais il faut casser cette dynamique. Si on prend les joueurs ligne par ligne, on n’a rien à envier à personne. La difficulté, pour nous, c’est d’être constant, régulier. Si on y arrive, on peut faire mal sur la scène africaine. Je suis convaincu qu’il ne nous manque pas beaucoup de choses.
Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
Il y a énormément de talents. Hamari Traoré, du Stade de Reims, il n’a rien à envier à beaucoup de latéraux de L1. Adama Traoré de Monaco, on connait tous son talent. Yves Bissouma (Lille), il est jeune, peu connu mais il est technique, il sent le foot. Il y a Moussa Doumbia (Rostov, RUS) aussi, toute une génération arrive. Le Mali va grandir à son rythme.
«Je ne me pose pas question d’une responsabilité supplémentaire parce que j’ai grandi en France»
Cette génération a été formée notamment à l’académie de Jean-Marc Guillou…
Je suis allé la visiter. Un quart de notre sélection a été formée là-bas. Ce sont des joueurs qu’on éduque au football. Il y a une telle proximité avec le football, c’est incroyable, franchement faut aller le voir. Ça ne peut que te faire grandir et te faire croire à tes rêves. Et au final, avec Traoré, Koné, Doumbia et d’autres, on voit combien ils sont importants pour notre sélection.
Vous êtes capitaine de cette équipe, à seulement 26 ans, comment expliquez-vous ce parcours express ?
Ca s’est fait naturellement en fait. Je me sens bien dans ce rôle. Depuis que j’ai choisi de jouer pour le Mali (il a été international Espoirs français en 2011), je n’ai manqué qu’une sélection. J’ai pu grandir avec les anciens et notamment Seydou Keita, les frères Yatabaré, Wagué… J’ai progressé avec cette génération.
C’est surprenant de voir un jeune joueur, ayant grandi en France, nommer capitaine aussi rapidement…
Oui, je dois être le plus jeune de la CAN et l’un des rares binationaux. Mais dans notre sélection, on ne perçoit pas de différences entre un joueur ayant grandi en Afrique et ayant grandi en France. Vous devez l’entendre souvent mais sincèrement, on a un groupe soudé qui a un objectif commun : celui de grandir. A titre personnel, je ne me pose pas question d’une responsabilité supplémentaire parce que j’ai grandi en France. Pour moi, je suis un joueur de foot, je suis français et malien. Je joue pour faire grandir et progresser l’équipe du Mali.
La perception du public malien est-elle différente ?
Forcément, je ne suis pas le joueur qui a grandi au pays. Mais je le dis toujours, c’est à nous de nous adapter, et d’amener ce que l’on est et ce que l’on sait faire. A chaque fois, j’arrive en toute humilité pour faire grandir ma sélection.»
Prêté avec option d’achat par Rennes à Montpellier l’été dernier, Yacouba Sylla se verrait bien rester dans l’Hérault : «Pourquoi pas ? Je m’y sens bien. Je progresse bien là-bas. L’aspect familial, on en parle souvent dans les clubs, mais on le ressent vraiment totalement à Montpellier. On verra à la fin de saison comment ça se passe.»
source www.francefootball.fr