Face au Bayern Munich, Mohamed Camara, bien soutenu par ses petits camarades, a délivré une prestation de daron. Homme de l’ombre d’une performance XXL du RB Salzbourg, le milieu défensif malien a réussi à faire oublier que Kimmich et Tolisso étaient eux aussi sur le terrain.
Mardi après-midi, Thomas Müller riait : « Ce n’est peut-être pas bon pour Salzbourg que le Bayern ait perdu samedi… » Puis, mercredi soir, l’attaquant du Bayern a compris qu’il ne faisait plus marrer personne. Opposé à des Munichois battus le week-end dernier à Bochum (4-2), le FC Red Bull Salzbourg, finalement rattrapé sur le gong en fin de rencontre (1-1), ne s’est pas posé de questions et a gambadé entre les lignes bavaroises avec une aisance folle, mais surtout une très haute intensité qui a mis les hommes de Julian Nagelsmann en danger lors de la première période d’un huitième de finale aller de Ligue des champions étouffant. Sereins derrière malgré un Lewandowski planant autour d’une charnière de 23 ans de moyenne d’âge et aidés par un Philipp Köhn auteur de huit arrêts, les Salzbourgeois ont regardé le Bayern dans les yeux, et ce, grâce notamment à deux hommes : Brenden Aaronson, brillant en soutien du duo Adeyemi-Okafor, et Mohamed Camara, qui a livré une heatmap digne de la planète Terre en 2050.
Comme un grand
L’international malien a, à lui seul, fait oublier la paire Kimmich-Tolisso alignée à la base du 3-2-4-1 munichois. En remportant dix duels sur treize disputés en première période, le milieu de 22 ans a rapidement posé les bases. « Sur le terrain, je me décrirais comme courageux, racontait le principal intéressé dans les colonnes de Goal en novembre dernier. Je suis responsable de la direction de l’équipe. Je dois donc aussi encourager mes coéquipiers. » Alors qu’il s’était promis d’écrire l’histoire du club autrichien, Camara a évidemment été à l’origine du but de son équipe, planté par Chukwubuike Adamu dans la foulée d’une merveille de louche sortie par la sentinelle en direction de Karim Adeyemi.
Mohamed Camara n’est pas un inconnu pour tout le monde : les supporters du LOSC n’ont certainement pas oublié son impressionnant volume de jeu. Mercredi soir, il a également prouvé qu’il pouvait prendre le jeu à son compte, réussissant au passage 6 dribbles (record de la rencontre) et confirmant son statut de meilleur récupérateur de cette Ligue des champions (13 ballons récupérés lors de ce match aller). « Les gens m’appellent souvent N’Golo Kanté, car nous avons la même façon de jouer, rigolait Camara il y a quelques mois. C’est un joueur qui a trois poumons, comme moi. » Le natif de Bamako n’a peur d’aucune comparaison et d’aucun adversaire. Preuve en est : en toute fin de rencontre, on l’a vu s’imposer dans un poitrine contre poitrine impressionnant avec Joshua Kimmich.
Et demain ?
Logiquement élu homme du match, Mohamed Camara s’inscrit dans la longue lignée des milieux de terrain défensifs passés par le FC Red Bull Salzbourg : Diadié Samassekou, Amadou Haidara, Naby Keita… Passé par l’académie de Jean-Marc Guillou, le gamin a été repéré par le groupe Red Bull alors qu’il évoluait dans la réserve de l’AS Bamako et a rejoint l’écurie en janvier 2018, passant d’abord par la case réserve : le FC Liefering, en D2 autrichienne. En février 2021, une suspension de trois mois après avoir été testé positif lors d’un contrôle antidopage en compagnie de son coéquipier Sékou Koïta aurait pu le ralentir, mais Camara a rapidement relancé la machine pour débouler dans cet exercice tête en avant. Pilier du Salzbourg de Matthias Jaissle, le voilà prêt à confirmer l’essai, au retour, à Munich. « On va aller chercher la qualification, même si ça sera très dur » , a-t-il même soufflé au micro de beIN Sports. En espérant que le message aura plus d’effet que celui de Thomas Müller.
Par Anna Carreau
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