De l’arme fatale de Monaco Islam Slimani à la pépite de Nice Hichem Boudaoui, les clubs français ont massivement recruté des joueurs « made in Algeria » cet été, séduits à la fois par les talents locaux ayant participé à la conquête de la CAN-2019 et la nouvelle génération à venir.
Seul un des nouveaux « Fennecs » de Ligue 1, le Nîmois Zinedine Ferhat, a déjà foulé la pelouse du stade Pierre Mauroy de Lille où la sélection algérienne recevra la Colombie en amical mardi (21h00).
Il n’empêche, le public français a déjà vu à l’œuvre Slimani, tête d’affiche du renouveau d’une filière longtemps mise en sommeil, en attendant les premiers pas des jeunes Boudaoui (Nice) ou encore Haithem Loucif (Angers).
. Slimani, la recrue de l’été
Débarqué à Monaco fin août dans un climat de scepticisme général après trois saisons décevantes, l’ancien attaquant du Sporting Portugal est vite devenu l’un des meilleurs joueurs du début de saison.
Au point de dominer le classement des notes du quotidien L’Équipe (7 sur 10) et de devenir le nouveau chouchou des supporters monégasques.
« SuperSlim » (31 ans) est déjà impliqué dans dix buts (quatre buts et six passes décisives), plus que tout autre joueur de l’élite. Dans les cinq grands championnats européens, seul Robert Lewandowski (Bayern Munich) a fait mieux (11 buts).
« Slimani marche sur l’eau, il fait des choses exceptionnelles dans une équipe moribonde. Il est le N.1 au milieu de vedettes. Je ne suis pas étonné », l’a encensé son sélectionneur Djamel Belmadi, juste avant le nul jeudi contre la RD Congo (1-1), où son attaquant a encore marqué.
Autre recrue algérienne en vue : Zinedine Ferhat. Comeilleur passeur de Ligue 2 avec Le Havre la saison dernière, le joueur formé à la JS Kabylie (26 ans) s’est rapidement montré décisif pour ses débuts dans l’élite, avant de rentrer dans le rang.
Mais « par son âge, son potentiel, sa fraîcheur et son expérience en Ligue 2, il peut être la vraie grosse surprise de ce championnat », estimait fin août son entraîneur Bernard Blaquart.
. « Effet CAN » et jurisprudence Atal
Comment expliquer un tel engouement soudain pour le marché algérien, globalement délaissé par les clubs européens ces vingt dernières années ?
« C’est une catastrophe de voir Ferhat découvrir la L1 à 26 ans alors qu’on savait, en Algérie, qu’il était déjà pétri de talent à 18-19 ans! Mais à l’époque, il n’y avait pas ce buzz autour des jeunes Algériens que le Paradou AC a peut-être aidé à cultiver », explique à l’AFP Maher Mezahi, journaliste indépendant spécialiste du foot africain.
Paradou AC ? Un modeste club de la banlieue d’Alger qui s’est imposé, depuis 2007 et son partenariat avec le célèbre formateur français Jean-Marc Guillou, comme la principale pépinière de talents d’un pays contraint, ces dernières années, de recourir massivement aux joueurs binationaux pour renforcer sa sélection.
Grâce à l’expertise de l’académie JMG, qui a notamment révélé la génération dorée ivoirienne (Yaya Touré, Gervinho,…), le Paradou AC est devenu prisé des recruteurs étrangers Première génération à s’exporter avec succès, la promotion de Ramy Bensebaïni (24 ans), ancien de Montpellier et Rennes transféré cet été à Mönchengladbach, et surtout Youcef Atal (23 ans), auteur d’une dernière saison canon avec Nice.
Fort de son pari réussi avec Atal, Nice, outre l’ex-Bordelais Adam Ounas (22 ans), s’est jeté cet été sur Hichem Boudaoui (19 ans), considéré comme le nouveau joyau du Paradou AC. Angers, lui, a misé sur Haithem Loucif (23 ans), après avoir acquis Farid El Melali (22 ans) l’an dernier.
De quoi attirer aussi les agents en quête de potentielles plus-values importantes pour des joueurs recrutés à moindre coût.
« Bien évidemment, il y a un effet Atal. Commercialement parlant, c’est aussi le discours que je tiens. Tu suscites l’intérêt en disant cela », explique à l’AFP Christophe Hutteau, devenu cet été l’agent du latéral gauche Naoufel Khacef (21 ans), pisté notamment par Rennes.
« Le parcours de la sélection algérienne lors de la CAN a aussi été un détonateur, ajoute-t-il. Les clubs européens, qui ont toujours un complexe de supériorité par rapport aux clubs africains, se sont dits : Effectivement, il y a quand même du talent là-bas ».
source www.lesechos.fr