PORTRAIT Absent à Amiens (2-2), Jason Denayer devrait être de retour mardi (18h55) pour l’entame de la Ligue des champions contre le Zénith Saint-Pétersbourg. « 20 Minutes » vous décrypte pourquoi le défenseur belge est devenu le capitaine de ce nouvel OL
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« Je suis très fier de le voir capitaine, ça veut dire qu’il est vu comme quelqu’un d’exemplaire par son nouveau coach. Il est devenu pour les Lyonnais ce que Vincent Kompany était pour lui à l’époque. » Younes Zerdouk est bien placé pour mesurer le parcours accompli par Jason Denayer, forfait à Amiens (2-2) vendredi (blessure au pied), mais qui devrait porter le brassard de l’OL mardi (18h55) pour le début de la Ligue des champions contre le Zénith Saint-Pétersbourg. Une sacrée reconnaissance après une seule saison passée au club pour le défenseur belge de 24 ans.
Younes Zerdouk a rencontré pour la première fois, lors d’un essai à l’académie Jean-Marc Guillou près de Lierre (Belgique), ce prometteur… attaquant de 13 ans évoluant à Anderlecht. « A un moment, j’ai voulu le tester derrière, et lui comme moi, on a vite compris qu’il aurait plus d’avenir à ce poste », explique celui qui l’a entraîné de 2008 à 2012 dans la fameuse académie. L’intensité de ses quatre années là-bas (deux entraînements quotidiens de deux heures, et ce cinq jours sur sept en parallèle des cours), ainsi que la philosophie de jeu « JMG » ont marqué Jason.
Tous les entraînements se disputaient pieds nus à l’académie
« Nous avons éduqué nos jeunes dans un football total, fait de perfection, indique Younes Zerdouk. Tous les entraînements se disputaient pieds nus afin d’améliorer la technique de tous les joueurs. Si l’un d’eux perdait le ballon, ça mettait toute l’équipe en danger. Jason aimait apporter le surnombre au milieu du terrain. Il correspondait vraiment au profil de Manchester City, qu’il a rejoint à 17 ans. » S’il n’a jamais eu sa chance durant ses six saisons sous contrat avec le géant anglais (aucun match officiel avec les Citizens), il a donc pu y côtoyer son compatriote Vincent Kompany, un modèle de capitaine.
« C’est quelqu’un qui observe beaucoup et s’entraîner avec Kompany a forgé le joueur qu’il est aujourd’hui », estime Aurélien Chedjou, son coéquipier en 2015-2016 à Galatasaray, où Jason Denayer a effectué l’un de ses quatre prêts. Celui-ci se destinait-il depuis toujours à un rôle de leader de vestiaire ? « Pour nous tous, c’était notre capitaine à l’académie, assure Ayyoub Allach, désormais attaquant à Swope Park Rangers (Etats-Unis). « Il était ce leader qu’on observait de près car on voyait bien qu’il savait ce qu’il voulait et qu’il avait vraiment faim. Et puis il nous encourageait tout le temps, il a cette personnalité de capitaine en lui. »
« Il faut quand même y aller pour réussir à s’embrouiller avec Jason »
Cette conviction tranche avec la discrétion et la timidité apparente de Jason Denayer face aux médias depuis son arrivée à Lyon l’an passé. « C’est quelqu’un de plutôt calme et réservé, confirme Aurélien Chedjou. Il ne parle pas beaucoup mais quand il le fait, il a les mots justes et il se fait toujours entendre. Mais c’est vrai que dans le vestiaire, on se demandait au début s’il parlait pour de vrai ! »
Qui se cache donc derrière ce solide gaillard (1,84 m) aux dreadlocks ? « Il ne parle pas beaucoup, il préfère rigoler, confie son ami Ayyoub Allach (21 ans). Il garde tout pour lui et très peu de gens le connaissent vraiment. Il a toujours eu cette coupe de cheveux et cette manière d’être de reggaeman. Il écoutait tout le temps Bob Marley alors que nous ne tournions qu’au hip-hop à l’académie, ça nous amusait bien. » Pour Aurélien Chedjou, « ce style lui correspond vraiment bien tant il est cool et qu’il ne se prend jamais la tête ». « Il faut quand même y aller pour réussir à s’embrouiller avec Jason », indique le nouveau défenseur amiénois.
« Il se transforme une fois qu’il est sur le terrain »
C’est simple, Younes Zerdouk n’a qu’un souvenir d’un Jason Denayer fou furieux en quatre ans. « Il a tellement crié au milieu d’une opposition à l’entraînement que tout le monde était choqué et s’est totalement arrêté pour l’écouter », sourit l’entraîneur.
Selon lui, il y a tout de même une véritable différence de caractère une fois que son ex-protégé foule une pelouse : « C’est un super gamin, posé et tranquille. Mais attention, il y a un lion dans son corps qui surgit lorsque ça ne tourne pas comme il veut. » Un « lion » qu’il faut sans doute aller chercher dans son histoire personnelle, comme l’explique Ayyoub Allach.
« Il vient de la rue, du quartier d’Anneessens à Bruxelles où ça peut mal tourner pour tout le monde. En arrivant à l’académie, il a vite changé de mentalité en devenant plus sérieux dans tous les domaines. Il était tout le temps à bloc et je savais qu’il allait exploser au plus haut niveau. Bien sûr, il existe un Jason nonchalant quand on le voit comme ça. On se demande même s’il a envie de s’entraîner. Mais il se transforme une fois qu’il est sur le terrain. »
« Même arrière droit et milieu défensif, il n’a jamais déçu »
« Ça devient quelqu’un d’autre, confirme Aurélien Chedjou. On voit qu’il adore aller au duel et qu’il n’économise pas ses efforts. Et puis c’est un faux lent, aucun attaquant ne le bouffe vraiment sur la vitesse. A Galatasaray, il a pu dépanner comme arrière droit et milieu défensif, il a fermé sa bouche et il n’a jamais déçu. » Une attitude de capitaine en puissance donc, malgré un costume de patron de défense qu’il n’a pas toujours endossé.
« Il a longtemps fallu le secouer pour qu’il échange à voix haute avec ses partenaires sur le terrain, souligne Younes Zerdouk, désormais responsable de la formation dans le club de Wadi Degla (Egypte). Il est vraiment devenu plus compétiteur encore grâce à ses expériences en Ecosse [où il a été élu meilleur jeune du championnat avec le Celtic aux côtés d’un certain Virgil van Dijk] et en Turquie. Capitaine, c’est une nouvelle étape qui va encore plus le responsabiliser. Il va être obligé de parler plus fort. » L’OL n’a pas fini de découvrir son « lion » le mieux caché.