Mais qui est-ce ? Le staff de l’Eintracht Francfort a dû être surpris en découvrant la composition du RC Strasbourg jeudi soir. Leur source de questions ? Kévin Zohi. Certes, l’attaquant avait déjà joué, et marqué, face à Plovdiv (1-0) une semaine plus tôt. Certes, il était déjà apparu 20 fois en Ligue 1 la saison passée. Et certes, l’Ivoirien est un membre à part entière du groupe pro du club alsacien depuis qu’il a éclos avec l’équipe réserve pendant la saison 2017-2018 (13 buts en 24 matchs).
Mais ce n’est pas pour autant que le joueur de 22 ans était attendu comme titulaire pour ce barrage de Ligue Europa. Sauf dans l’esprit de Thierry Laurey donc. « Pourquoi j’avais décidé de l’aligner ? Pour qu’il marque bien sûr », répond le technicien dans un humour grinçant. Avant d’être plus précis : « Pour sa spontanéité, sa vivacité, ses enchaînements. Il fallait un facteur X sur ce match. Quelqu’un qui puisse surprendre et faire quelque chose que l’équipe adverse n’attendait pas. »
« Un joueur capable de créer de la vitesse dans le jeu »
Kévin Zohi s’y est parfaitement collé. Dans son style bien à lui. Les défenseurs allemands ont vite découvert son dos. Comme sur cet appel à droite lorsqu’il est parti comme une fusée, a largement pris de vitesse Hinteregger avant… d’envoyer une frappe dans les nuages. Un premier tir suivi de plusieurs autres, en partant de la gauche aussi. L’Ivoirien a souvent permis au Racing de faire mal sur les côtés.
C’est un joueur qui se retourne très vite et est capable de créer de la vitesse dans le jeu. Il apporte beaucoup à une équipe entre la phase de préparation et de finition », détaille l’ancien défenseur (champion du monde !) Franck Leboeuf. Le consultant de RMC Sport l’admet, l’explosif attaquant a encore « une belle marge de progression ». Dans la finition notamment.
Ex de l’académie Jean-Marc Guillou
Quoi que… L’ancien pensionnaire de l’académie Jean-Marc Guillou, à Bamako, a encore marqué ce jeudi. Comme la semaine dernière donc. Cette fois, il était au bon endroit au bon moment dans la surface. Pile poil pour pousser le ballon au fond à la suite d’un corner cafouillé. Ça compte aussi et ça permet à son club de partir avec un petit avantage (1-0) avant le match retour à Francfort jeudi prochain.
Kévin Zohi sera-t-il encore titulaire ? Rien n’est impossible à la vue de ses deux dernières performances. « Le coach a été bon en l’économisant le week-end dernier à Reims, apprécie son partenaire Dimitri Liénard. S’il le met de nouveau au repos face à Rennes dimanche et qu’il marque encore contre Francfort, ça me va ! »
Cette soudaine notoriété représente une belle revanche pour un joueur qui n’a pas toujours été de la fête, notamment lors de son arrivée en Europe en provenance du Réal de Bamako club partenaire de l’Académie JMG de Bamako lorsque Nice et Angers l’ont recalé (sans que aucun entraineur des équipes pro ne le voit surtout à Nice) avant que Strasbourg décide de miser sur lui (sans une grande conviction). Né de père ivoirien et de mère malienne, parti à 12 ans de Côte d’Ivoire pour intégrer l’Académie JMG de Bamako, Zohi va sans doute commencer à attirer l’attention des deux pays avec lesquels il est éligible. Pour le numéro 10 de formation, il sera peut-être bientôt l’heure de faire un choix.