Après une telle performance, le téléphone de son agent risque de sonner pendant toutes les vacances. A seulement 20 ans, pour sa deuxième titularisation de la saison, Kamory Doumbia a réussi une performance complètement folle. C’est lui qui a inscrit les quatre buts de la victoire du Stade Brestois contre Lorient (4-0), ce mercredi.
Un quadruplé réussi en à peine 25 minutes lors de la première période. Son show a démarré de la plus belle des manières à la 22e avec une remarquable volée du pied droit. Il s’est poursuivi à la 25e d’un petit ballon piqué sur Yvon Mvogo, à 29e pour couper un centre de Brendan Chardonnet, et s’est conclu à la 45e+2 en surgissant au point de penalty sur un service de Romain Del Castillo.
Surnommé « la Toupie »
Comme relevé par Opta, il est devenu le deuxième joueur à inscrire un quadruplé lors d’une première mi-temps d’un match de Ligue 1 sur les 60 dernières années, après Edinson Cavani en septembre 2016 avec Paris contre Caen. Prêté cette saison par le Stade de Reims, sans option d’achat, Doumbia avait débloqué son compteur il y a un mois à Montpellier (3-1), un but venu valider les progrès aperçus depuis sa signature en terre bretonne. Au sein d’une formation qui n’en finit plus d’étonner, et qui va passer les fêtes à la quatrième place du classement, Doumbia a appris à démarrer sur le banc. Pour mieux faire parler son explosivité dans les vingt ou trente dernières minutes d’une partie. Contre Reims, Eric Roy avait cette fois décidé de miser d’entrée sur cet international malien au profil singulier et au petit gabarit (1m70).
« Dans un système à trois milieux, il peut jouer aux deux postes devant la sentinelle, ou dans un double pivot, être le joueur qui joue au-dessus, confiait son entraîneur lors de sa présentation en septembre. Il peut aller chasser sur la sentinelle adverse, il peut exercer le pressing sur l’adversaire car il a des jambes de feu. Son surnom, c’est la Toupie, ça veut donc dire que ça part dans tous les sens (rires). On aura besoin de lui cette saison. » La Toupie a d’abord fait parler d’elle au sein la très réputée académie Jean-Marc Guillou de Bamako, aux côtés notamment de Rominigue Kouamé (Cadiz, ex-Troyes) et Yves Bissouma (Tottenham, ex-Lille). Avant de rejoindre la réserve du Stade de Reims à l’été 2021. Pour évoluer comme numéro 10, 6 ou 8.
Ronaldinho pour modèle
« La France et le Mali, ce n’est vraiment pas pareil, confiait-il en juin 2022 dans une interview à Onze Mondial. Mais mon adaptation a été facile, car dès mon premier jour à Reims, j’ai constaté que Reims était une famille. Tout le monde s’est bien occupé de moi. (..) Par contre, le changement de climat m’a, un peu, fatigué (rires). Quand il a commencé à faire froid, j’ai connu mon premier choc. Lorsqu’on s’entraînait, il faisait 2 degrés. Quand je faisais une passe ou un tir, je ne sentais même pas mon pied. Après les entraînements, lorsque je rentrais aux vestiaires, j’avais les mains dures et gelées. » Celui qui a pour modèles Ronaldinho et Philippe Coutinho, décrit au quotidien comme une personne humble et respectueuse, a eu droit à huit apparitions en Ligue 1 en 2021-2022. Puis 26 la saison suivante. Mais il a compris cet été qu’il serait préférable pour lui d’être prêté afin de poursuivre sa progression.
« C’était compliqué pour moi, je n’étais pas dans les plans du coach (Will Still), qui ne m’a pas forcément dit pourquoi », expliquait-il lors de son arrivée à Brest, où il a retrouvé le sourire et la confiance d’un staff qui devrait toutefois être privé de ses services en début d’année. Devenu une pièce essentielle de la sélection malienne dirigée par Eric Chelle, il va sauf surprise disputer la prochaine Coupe d’Afrique des Nations.
Kamory s’est rangé parmi les 10 joueurs de Ligue 1 les plus rapides à avoir signé un quadruplé.
26 minutes. C’est l’écart entre le premier (22e) et le quatrième but (45e+3) inscrit par Kamory Doumbia, mercredi soir face à Lorient lors de la 17e journée de L1. Ce formidable exploit le place dans le top 10 des joueurs de Première Division les plus rapides à inscrire un quadruplé depuis 1947-1948.
Le 7 octobre 2018, alors que le Paris Saint-Germain affrontait l’OL au Parc des Princes, la foudre Kylian Mbappé s’était abattue sur les Gones (5-0). L’attaquant, alors âgé de 20 ans, avait inscrit quatre buts en… treize minutes (61e, 66e, 69e, 74e) ! Le Français avait été à la une de notre journal : « Ici c’est Mbappé », et avait obtenu la note de 9/10.
Derrière « KM7 », on retrouve Elye Wahi, auteur d’une prestation majuscule avec Montpellier, toujours contre Lyon, au Groupama Stadium. Ce 7 mai 2023 restera gravé dans l’esprit de l’international Espoirs, même si son ancienne équipe avait fini par s’incliner (4-5). Son quadruplé en 15 minutes avait même ébloui l’ancien défenseur de Liverpool, Dejan Lovren : « Il est étonnant, il a la vitesse, il a tout ». Il avait également été noté 9/10 dans nos colonnes.
Le 1er mai 1958, Just Fontaine avait lui marqué ses quatre buts en l’espace de 18 minutes à Valenciennes, alors qu’il portait les couleurs du Stade de Reims, contribuant au large succès des Champenois (6-0). La quatrième place de ce classement des quadruplés les plus rapides depuis 1947-1948 est attribuée à Alphonse Rolland (Strasbourg), qui avait signé cette performance en 21 minutes face à Cannes (8-2).
Plusieurs joueurs avaient fait trembler les filets en 23 minutes chrono : Thadée Cisowski (septembre 1956) lors d’un Racing Paris-Lens (6-0), puis Merry Krimau (octobre 1985) à l’occasion d’un Le Havre-Toulon (4-3).
Dans les années 50, Roger Vandooren (Stade Français) en avait passé quatre au Racing Paris (5-0) en 27 minutes. Maxime Fulgenzi avait mis 28 minutes pour marquer un quadruplé avec Sedan contre Saint-Étienne (5-0). Enfin, Michel Platini (Nancy), le 18 septembre 1976, avait eu un écart de 29 minutes entre son premier et son quatrième but contre Bordeaux (7-3).
source www.equipe.fr