Qualifié cette semaine en finale de Coupe de France, Hicham Boudaoui est à un match de remporter son premier trophée européen de sa carrière. En marge de la 27ème journée de Ligue 1 Uber Eats face au PSG, le milieu de l’OGC Nice s’est confié à Libération sur les dessous d’un parcours de plus en plus scruté dans l’Hexagone.
De plus en plus présent dans le dispositif de Christophe Galtier, Hichem Boudaoui prend cette saison sa plein envergure dans une équipe niçoise en quête de qualification en Ligue des Champions. Aligné à dix-neuf reprises en championnat, l’international algérien a affronté le Paris SG dans un rôle de milieu droit qu’il a su intégrer au fil de la saison. Un affrontement au sommet du championnat de France qui a donné l’occasion à Hichem Boudaoui de croiser le fer avec le joueur de Ligue 1 qui l’a impressionné au plus haut point en la personne de Marco Verratti. «Marco Verratti est celui qui m’a le plus marqué ici. Avec le ballon, c’est quelque chose et sans le ballon, c’est quelque chose aussi. Un milieu de terrain comme moi : tu participes à tout, tu cours, tu es libre d’attaquer et de défendre avec les autres», indique ainsi Boudaoui sur celui qu’il a affronté samedi 5 mars à l’Allianz Rivera.
Ainsi la troisième saison de Boudaoui à Nice coïncide avec celle d’une éclosion qui pourrait bénéficier à la sélection algérienne. Lucide sur ce qui l’a amené à cette progression, Boudaoui revient par ailleurs sur ses souvenirs d’enfance à Bechar entre football sur goudron et derby régional face à Tindouf. Né dans la capitale de la Saoura, Boudaoui jouera ses premiers années sur place avant d’être détecté par l’académie JMG-Paradou lors d’un tournoi à Alger. «À Béchar, il n’y a pas d’herbe. Goudron pour le jeu au quartier, synthétique quand tu t’entraînes en club : là, on nous expliquait qu’il ne fallait pas jouer au foot pieds nus sur le goudron parce qu’on allait se blesser (…) je suis issu d’une grande famille, mon père était d’accord pour que le foot soit un loisir mais pas plus. Moi, je me sentais capable. Ceux qui me regardaient, autour du terrain, me le disaient, les joueurs aussi», se remémore t-il alors.
Par de là ses souvenirs, Boudaoui donne ainsi plus de détails sur ses premières années de football. Des débuts qui auraient pu s’arrêter prématurément. La faute à un trajet domicile-entrainement le forçant à prendre deux bus alors qu’il n’était âgé que de dix ans. Deux mois sans entraînements qui pourtant n’ont pas empêché Boudoaui de réussir à attirer l’oeil d’Olivier Guillou de l’académie JMG-Paradou avec le succès qu’on lui connait par la suite.
« LE FOOT, C’EST UN EFFORT PERSONNEL. ON TE DEMANDE 100% TU DONNES 150% »
Arrivé en tant qu’attaquant, le processus de formation au JMG-Paradou fit migrer Boudaoui au poste de défenseur central puis au poste de milieu sous les ordres de l’ancien directeur de l’Académie Olivier Guillou. Une aptitude à s’adapter à plusieurs postes qui continue de suivre le parcours du natif de Béchar désormais épanoui dans un rôle voulu par Christophe Galtier dès le début de la préparation estivale. Le tout obtenu grâce à une confiance en soi sur laquelle le joueur revient lors de cet entretien en confiant notamment qu’à son arrivée chez les pros en 2018/2019, Boudaoui s’était fixé qu’un seul objectif : «30 matchs et l’Europe».
Une saison.à l’issue de laquelle Djamel Belmadi sélectionnera alors le tout jeune milieu du Paradou pour la CAN 2019. Une participation qui s’avèrera un tournant décisif pour la suite de sa carrière en club, la perception que le public algérien a auprès de lui mais aussi la fierté de ses proches. «Quand je suis revenu à Béchar, ma mère m’a dit : «Je suis contente de t’avoir comme fils, je suis fière de toi.» C’est très important. Après, je ne réalise même pas. Même aujourd’hui. J’ai toujours été timide, c’est difficile d’entendre les autres parler de moi», confie t-il ainsi lorsqu’on lui évoque le succès lors de la CAN 2019.
Réputé pour sa timidité, le milieu de terrain âgé de 22 ans a su se faire une place dans les effectifs où il est passé à force de travail, de rigueur et de talent. Le tout aidé de ses propres mots par la bienveillance de ses coéquipiers en club tout comme en EN : «Quand je suis arrivé à Paradou à 11 ans et que les entraînements allaient trop vite pour moi. Tu arrives toujours dans un groupe constitué, où les joueurs se connaissent tous. Si tu es timide, ce n’est pas facile. Alors, les gens ont été gentils avec moi. En sélection, quand je ratais une passe, j’entendais «c’est pas grave, c’est pas grave…» Et quand tu ne comprends pas quelque chose, on te l’explique».
Enfin, l’international algérien se laisse aller à une confidence dès lors que l’on évoque son moteur de motivation. Ambitieux depuis son plus jeune âge, Boudaoui évoque la visite de journalistes de l’APS lors de ses premières années au Paradou et de la réponse qu’il leur avait alors donné quant à ses objectifs de jeune footballeur. Toujours disponible, ce reportage mettait alors en exergue la formation du club algérois qui se basait sur l’apprentissage du football pieds nus. «Des journalistes étaient venus faire une interview et on m’avait demandé quels étaient mes objectifs. J’avais répondu que je voulais devenir important dans le football. Tout le monde avait rigolé. Désormais, ils repassent la vidéo sans arrêt» offre t-il au quotidien français en guise de conclusion. De quoi continuer à regarder l’avenir avec sourire en attendant les échéances futures qui se présenteront au talentueux milieu made in Algérie…