Avec l’Afrique, la Ligue 1 a une connexion historique. L’Algérie, le Sénégal, le Mali ou la Côte d’Ivoire et bien d’autres pays envoient depuis de nombreuses années leurs talents en France et cela devrait durer encore de nombreuses années.
Dans ces anciennes colonies françaises, et un peu partout sur le continent, de nombreuses académies se sont développées pour former les talents de demain. Diambars, Dakar Sacré Coeur au Sénégal ou JMG Mali et Côte d’Ivoire sont les plus connues.
Cette dernière exporte chaque année de plus en plus de talents vers l’Europe et l’Hexagone : Sinaly Diomandé et Habib Keita à Lyon, Cheick Doucouré et Mamadou Thiam à Lens, Alidu Seidu, Salis Abdul Samed et Gnalega à Clermont ou encore Fodé Doucouré, Saiba Dabo, Moussa Doumbia, Kamory Doumbia, Bourama Diarra à Reims. Sans oublier Hamary Traoré (Rennes), Cheick Niasse (Lille) ou Hichem Boudaoui et Youssef Atal (Nice), entre autres.
Au total 20 joueurs formés dans les académies Jean-Marc Guillou évoluent dans des clubs de l’élite entre l’équipe première et la réserve. Comment expliquer cela ? D’abord parce que les premières promotions du projet malien ont été transférées à partir de 2014 et qu’entre 2019 et 2021, 75% des joueurs de la formation ont trouvé un club professionnel.
Un passage par les équipes réserves pour s’adapter
Ensuite par ce lien historique qui unit les deux continents. Mais aussi grâce au nombre d’internationaux qui évoluent en L1 depuis de nombreuses années. « Que ce soit au Mali ou au Sénégal, les gens ne regardent pas la Premier League ou la Liga mais le championnat de France. Il y a aussi un lien avec la langue française. Ce sont des critères importants dans un objectif de post formation » , note Vincent Dufour, directeur des académies Jean-Marc Guillou.
Depuis plusieurs années, la politique de trading mise en place par de nombreux clubs français a aussi amené les scouts et les directions sportives à se tourner vers les académies africaines.
En Europe, le Red Bull Salzbourg a fait partie des premiers avec des joueurs comme Diadie Samassekou ou Amadou Haïdara. Et quatre autres prospects issus de JMG y évoluent encore : Camara, Daouda, Dorgeles, Diambou. Dans une optique de post formation, plusieurs clubs français ont choisi aussi de se tourner vers l’Afrique.
Reims en a fait l’un des piliers de sa stratégie pour le groupe pro 2 depuis quatre saisons. « Quand on recrute des joueurs à JMG ou ailleurs, on leur donne un contrat pro mais on ne les jette pas dans le grand bain. On les met en couveuse pour qu’ils aient le temps de s’adapter puis on les fait monter petit à petit » , explique Mathieu Lacour, directeur général du Stade de Reims dont les équipes se rendent trois à quatre fois par an en Afrique.
Des agents identifiés
Lyon a fait de même avec Sinaly Diomandé et Habib Keïta avant de leur donner l’opportunité de jouer avec l’équipe première, tout comme Lens avec deux autres joueurs. « Notre formation est notre priorité mais il y a une vraie attache avec les joueurs africains qui s’adaptent très bien et qui sont un très bon complément pour la réserve, souligne le directeur sportif lensois Florent Ghisolfi. C’est dans cette optique que nous avons recruté Cheick Doucouré, qui a fait six mois avec notre équipe B et Mamadou Thiam cet été, car on cherchait un latéral droit pour notre réserve. »
Comme eux, la plupart des recrues qui rejoignent la France n’ont jamais évolué en pro mais sont arrivées moyennant un transfert. Et de leur bonne adaptation dépend un retour sur investissement.
Alors que certaines formations sont prêtes à mettre les moyens en faisant des offres très correctes, un autre point les a poussées à se tourner vers l’académie Jean-Marc Guillou : la désignation par l’école de football d’agents référents qui présentent les profils aux clubs et qui participent aux négociations de transfert avec les clubs. « C’est plus simple que lorsque des clubs ont voulu travailler avec des agents sans foi ni loi, précise Vincent Dufour. Notre collaboration avec Blackskill, elle est fiable, parce que les clubs savent à quoi s’en tenir et on a beaucoup plus de sollicitation pour venir voir des joueurs qu’avant. »
Finis donc les nombreux intermédiaires qui viennent promettre aux footballeurs africains monts et merveilles en Europe. « C’est un point positif à partir du moment où ils sont saints comme ça ce n’est pas la jungle autour des joueurs de l’académie et que la relation avec les clubs est fluide et honnête. C’est le cas aujourd’hui », explique Florent Ghisolfi. « C’est agréable d’avoir des interlocuteurs identifiés quand il s’agit de recruter un joueur qui nous intéresse » , ajoute Mathieu Lacour. Dans ces conditions, d’autres joueurs de JMG devraient rejoindre la France l’été prochain. Et la liste de noms devrait encore s’allonger.
source www.goal.com
article de Marc Mechenoua