Selon de la jupiter League, Genk peut compter sur plusieurs talents dont Théo Bongonda. A 25 ans, le belge est dans al confiance optimale, lui qui enchaîne les buts ces dernières semaines. De quoi donner d’ailleurs des idées à des écuries étrangères qui suivent son cas avec intérêt.
Pour Foot Mercato, le natif de Charleroi est revenu sur son parcours et sapersonnalité atypique avant d’évoquer son début de saison canon et ses ambitions pour la suite.
Entretien
Foot Mercato : Théo, pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
Théo Bongonda : j’ai commencé le football à l’âge de 9 ans. J’ai débuté assez tard par rapport à la majorité des joueurs. J’ai joué dans de petits clubs à côté de chez moi pendant un ou deux ans avant de rejoindre le Sporting Charleroi à l’âge de 11 ans et demi. Deux années plus tard, j’ai intégré l’Académie Jean-Marc Guillou. J’y suis resté jusqu’à un peu plus de 17 ans. Après ça, j’ai quitté l’Académie pour aller faire un stage à Manchester City pendant trois mois. J’avais reçu une proposition pour jouer avec les espoirs du club, mais comme je voulais jouer dans une équipe première je suis revenu en Belgique. C’est là que j’ai signé à Zulte Waregem.
FM : vous avez évolué ensuite au Celta Vigo en Espagne et à Trabzonspor en Turquie. Que retenez-vous de ces diverses expériences ?
T.B : En Espagne, c’était l’une des meilleures expérience de ma vie. A 19 ans, j’étais titulaire au Celta Vigo. Mais j’étais encore très jeune, je sortais d’une saison avec seulement 30 matches en professionnels. Je ne pouvais pas dire que j’avais vraiment la maturité et le niveau. J’ai quand même réussi à faire en trois saisons 80 matches avec le Celta. Je le prends comme une bonne expérience, même si ce n’était pas mes meilleures saisons. Ensuite, le choix de Trabzonspor, on va dire que c’était plus de ma faute dans le sens où au Celta ça n’allait plus et je voulais partir. J’avais 20 ans à l’époque, j’étais encore immature. Il y a des choses que je n’acceptais pas donc j’ai décidé de quitter le Celta. La première équipe qui s’est présentée était Trabzonspor. Il y avait un projet intéressant. Le club fêtait ses 50 ans et il voulait jouer le titre, ils avaient des ambitions. Donc je me suis dit que je pouvais toujours y aller une année en prêt et que si ça n’allait pas, je pouvais toujours revenir au Celta Vigo. Sauf que ça ne s’est pas du tout bien passé pour des raisons que j’ignore encore aujourd’hui.
FM : vous êtes ensuite revenu en Belgique, à Zulte Waregem. Etait-ce une évidence pour vous de rentrer au pays ?
T.B : une évidence…pas vraiment. Ce sont toujours des paris risqués. J’avais déjà « prouvé’, j’avais joué en Europa League, j’avais joué pas mal de matches avec le Celta. C’était un pari risqué, ce n’était pas facile. Mais je suis une personne qui a confiance en elle et je me suis dit si tu as confiance en toi, tu vas réussir. Je n’ai jamais douté de moi-même. Ca n’a pas été facile tous les jours, mais j’ai réussi à inverser la tendance. Quand je suis revenu en Belgique, j’étais un joueur différent. Je n’avais pas la maturité que j’ai aujourd’hui. Je pense être encore plus mature dans cinq ans. Mais c’est clair que le Théo Bongonda qui est parti n’était pas le même en revenant.
FM : Zulte Waregem est un club qui a mis en avant des talents comme Thorgan Hazard, Soualiho Meité. L’idée était, j’imagine, de suivre leurs traces et d’avoir plus de responsabilités.
T.B : oui, c’est clair. Quand j’ai commencé à Zulte, j’ai marqué 4-5 buts et le Celta est venu directement. Donc je suis parti assez tôt avec l’image de jeune talent. Mais c’est vrai qu’à l’âge que j’avais, 21 ans, j’avais encore des années devant moi où je pouvais prouver et jouer une saison complète avec peut-être un peu plus de responsabilités. Au Celta, j’avais 19 ans, je ne vais pas dire que je n’avais pas de responsabilités, mais ce n’est pas moi qui devait porter l’équipe. Quand je suis revenu à Zulte Waregem, on m’a fait comprendre qu’il fallait commencer à m’affirmer et c’est ce que j’ai fait je pense.
FM: en 2019, vous avez donc rejoint Genk. C’était un nouveau pas en avant dans votre carrière.
T.B : Genk allait m’acheter assez cher pour un club belge donc je savais que j’allais jouer et avoir beaucoup de responsabilités, ce que j’apprécie fortement. La première année a été assez compliquée car j’ai eu une blessure au dos qui a duré 12-13 semaines et j’ai eu vraiment du mal à revenir. On va dire que le début était un peu compliqué. Mais après la pré-saison du mois de janvier, une fois que j’avais retrouvé des sensations et que je me sentais bien, c’est parti tout seul.
Bongonda explose tout cette saison
FM : vous avez été acheté pour une somme importante. Cela vous a-t-il mis un peu la pression ?
T.B : à l’époque, quand je suis arrivé, on n’était pas dans notre meilleure forme car le club venait de gagner le titre de champions et beaucoup de joueurs étaient partis. En plus de ça, quand on vous achète si cher, ça veut dire qu’il y a de l’attente. Donc la pression était là sans être là. On a joué la Ligue des Champions l’an passé. Je me souviens que mon premier match était contre Naples, j’avais été titulaire. Je revenais de 12 semaines de blessure et ça n’avait pas été facile. L’attente autour de moi, de la part des supporters et du club, était normale. Ils n’avaient jamais acheté un joueur aussi cher. Je n’ai pas vraiment eu cette pression car à partir du mois de janvier, on va dire que tout s’est bien passé.
FM : cette saison, vous êtes parti fort avec 10 buts déjà. Comment l’expliquez-vous ? Avez-vous changé des choses dans votre façon de travailler ?
T.B : je suis croyant, ça c’est une chose encore différente. Mais c’est vrai que j’ai fait un peu plus attention cette saison. J’ai perdu trois kilos depuis le début de la saison. Je n’étais pas en méforme. Je pouvais perdre un peu de poids et j’ai perdu trois kilos de graisse. J’ai essayé de changer certaines choses qui n’étaient pas responsables de certaines performances un peu plus basses, mais qui pouvaient m’aider comme perdre quelques kilos, se coucher un peu plus tôt, etc…Je n’ai pas fait de gros changements mais j’ai quand même ajusté quelques petites choses.
Le Belge ne se fixe aucune limite
FM : quelles sont vos ambitions ?
T.B : on a vraiment une bonne équipe pour le moment, je pense. On veut essayer d’aller le plus loin possible. A Genk, on n’a pas une équipe qui peut avoir la pression comme Bruges, par exemple, qui doit absolument gagner le titre. Nous, on ne parle pas de ça. On avance match après match et on veut essayer d’aller le plus haut possible avec l’équipe. A titre personnel, je veux aider l’équipe du mieux que je peux. Malheureusement, je ne suis plus tout jeune donc je ne peux pas dire que je me vois rester ici pendant des années.
FM : vous restez sur 9 buts sur les 7 dernières journées. Pouvez-vous aller encore plus haut ?
T.B : écoutez, c’est l’objectif. Je ne joue pas en tant que numéro 9, mais un attaquant, on le juge quand même sur ses statistiques. C’est ce qui m’a fait défaut par le passé. Je faisais toujours plus ou moins de bons matches, mais quand vous ne marquez pas de but, on commence à se poser des questions. J’ai aussi fait un travail sur moi-même, sur la confiance en soi, la tranquillité. J’ai aussi travaillé là-dessus pendant six ans à l’Académie donc il n’y a personne qui me fera douter de moi-même. Mais c’est clair qu’un attaquant est beaucoup jugé sur ses statistiques, ce qui est tout à fait normal. Je suis content de marquer et j’espère encore marquer beaucoup de buts pour aider mon équipe.
FM : on ne vous connaît pas encore bien en France. Quelles sont vos qualités et les points que vous devez encore travailler ?
T.B : je suis un joueur assez rapide, technique, explosif et décisif cette saison. Mais je pense que je dois encore travailler tactiquement, même si dans l’équipe dans laquelle je suis actuellement on est dans un système vraiment parfait pour moi parce que ne dois pas trop défendre par rapport aux saisons précédentes, ce qui veut dire que je peux me retrouver plus près du but adverse. Il y a toujours des points à travailler pour s’améliorer.
FM : avez-vous un modèle qui vous inspire ?
T.B : pour ne pas citer les phénomènes qu’on connaît tous, je vais dire Heung-min Son de Tottenham. J’aime bien ce joueur, il est tellement fort et on n’en parle pas assez.
Son avenir va se jouer dans les prochains mois
FM : on parle de vous, quelques clubs vous suivent notamment en Angleterre d’après nos informations. Avez-vous des touches? Quels sont vos plans pour la suite ?
T.B : bien sûr, je me sens bien à Genk. C’est comme ma maison ici. Malheureusement, je ne suis pas à un âge où je peux dire que j’ai envie de rester à Genk pendant encore des années. Si vous avez des ambitions, forcément, vous voulez jouer plus haut. Je ne fais pas trop attention aux équipes intéressées car je préfère me concentrer sur ma saison. Ce qui doit arriver arrivera et je pense que c’est mieux de me concentrer sur ma saison et mes performances plutôt que de penser à ça. Je viens d’avoir 25 ans, je ne suis pas vieux mais je ne suis plus tout jeune aussi. Donc, maintenant, je pense qu’à 25-26 ans pour tous les joueurs c’est vraiment l’âge où, si tu as des ambitions au haut niveau, il faut passer le cap. Mais très honnêtement, je suis concentré sur ma saison et j’ai envie de donner mon maximum à Genk.
FM : y a-t-il un championnat, un football qui vous tente ?
T.B : j’ai déjà joué en Espagne, donc j’ai l’expérience de la Liga. Dieu merci, j’ai eu la chance de jouer là-bas jeune. Les championnats du top 3 européens, l’Angleterre, l’Espagne et l’Allemagne sont ceux que j’affectionne le plus.
FM : Et la France ?
T.B : pour être honnête, je suis un peu moins le championnat de France. Je connais notamment l’Olympique de Marseille car mon meilleur ami suit ce club et je suis tout le temps là quand il regarde. Je ne me suis pas vraiment posé la question au sujet de la France mais, je ne suis pas fermé, tout dépend quel club vient.
FM: on a parlé de vous en sélection belge, est-ce un objectif ainsi que l’Euro ?
T.B : on m’a posé mille fois la question et mille fois j’ai répondu la même chose. Je suis Belge mais je ne suis pas l’entraîneur. Ce n’est pas moi qui fait la sélection. Je ne peux pas vraiment m’exprimer sur le sujet. J’ai fait toutes mes classes chez les jeunes en équipe nationale belge. C’est clair que j’aimerais y être, mais ce n’est pas moi l’entraîneur. C’est toujours une récompense d’être appelé. Mais je me souviens que, quand j’étais titulaire à 19 ans au Celta Vigo, je n’étais pas considéré pour être appelé en équipe nationale. Pourtant, j’étais très jeune et j’étais prometteur. Je me dis que ce qui doit arriver arrivera.