Au cours d’un long entretien à Ouest-France, le latéral droit malien du SRFC Hamari Traoré a évoqué sa recherche du premier but sous le maillot rennais.
Sentez-vous que cette saison peut changer votre carrière ?
Oui, je suis arrivé à un âge où je dois confirmer, c’est l’âge parfait pour monter. Quand j’ai signé à Rennes, je voulais passer un pallier et je pense qu’aujourd’hui, je suis quelqu’un d’autre, je suis une nouvelle personne, un autre joueur. Même si j’ai encore de petits aspects à gommer, pour l’instant je suis content de mon rendement et je sais que je peux faire beaucoup mieux parce que je me connais personnellement. Il me manque encore quelques petits détails. Par exemple, quand j’étais à Reims, chaque saison je marquais minimum deux buts. Pour l’instant, je n’ai pas encore marqué à Rennes. Ce sont de petits trucs qui ne me prennent pas la tête parce que tout se passe bien avec l’équipe, le plus important pour moi c’est que l’équipe gagne. Le reste, ça va venir tout seul. Je sais que ce petit but va venir, que tous le supporters rennais attendent ça. Des fois, je me fais chambrer sur ça, mais le prends avec humour, ça me fait sourire, ça me donne envie de marquer, mais je ne me prends pas la tête parce que je donne tout sur le terrain et je me procure des occasions, c’est déjà ça. Maintenant, il faut bien les finir.
Sentez-vous que ça approche ? Il y a eu votre but refusé pour un hors-jeu très limite contre Orléans, l’énorme occasion contre Caen sur le décalage d’Ismaïla Sarr…
Oui, on va dire que je n’ai jamais été aussi près ! Mais voilà, il faut la mettre au fond. Ça va venir. J’essaye de travailler sur ce aspect et pourquoi pas marquer à Arsenal.
A qui vous pourrez alors dédier ce but ?
Il sera pour tous les Rennais et ma famille.
Que vous reste-t-il comme axes de progression ?
Je dois être encore plus décisif parce que j’ai beaucoup d’arguments pour l’être. Défensivement, je dois m’améliorer un peu, même si j’ai fait beaucoup de progrès sur ce point, qui était mon défaut avant. Aujourd’hui, j’ai trouvé l’équilibre entre comment attaquer et défendre. A mon âge, on peut encore progresser, mais je ne pourrai pas progresser tout le temps, donc à moi de bien cibler les aspects de progression. Après, je pense qu’on pourra dire : « Il fait partie de tops latéraux. » Aujourd’hui, je suis parmi les meilleurs latéraux en Ligue 1, oui, mais j’ai combien de passes décisives ? Deux, trois ? C’est ça la différence. Pour le reste, je fais toujours de gros matches, je suis régulier, j’ai toujours la moyenne dans les notes. Mais quand on regarde les stats, il n’y en a pas. Il y a deux, trois passes décisives, en combien de matches ? C’est là qu’il faut que je progresse, que je sois encore plus mature dans ces choix. C’est vrai que je donne de bons ballons, de bons centres, mais il n’y a pas de passes décisives.
Vous regardez beaucoup les stats ?
Franchement, non. J’en parle parce qu’aujourd’hui, les gens parlent plus de stats que de ce que tu apportes sur le terrain. C’est la méthode d’analyse de la nouvelle génération. Moi, franchement je m’en fous des stats, le plus important c’est qu’on dise que toute l’équipe a fait un grand match, qu’Ismaïla, Hamari, Mex’ ont été bons. Les stats, c’est personnel. Si je fais toujours de bons matches et que Rennes finit onzième, vous pensez que je vais bénéficier de quelque chose ? Non. Mais si je suis bon, que l’équipe joue bien et finit cinquième, donc européenne, je vais bénéficier de quelque chose. Et ça, c’est ce que je veux. Je ne veux pas qu’on parle que de moi, je veux qu’on parle de l’équipe parce que je suis beaucoup famille. J’ai grandi dans une grande famille et ici à Rennes, on est comme une famille, ça nous aide à nos performances actuelles.
L’association avec Ismaïla, pas si évidente au départ puisqu’on le pensait plus à l’aise à gauche, fait de vous la terreur des défenses de Ligue 1. Saviez-vous que ça allait fonctionner autant ?
L’an dernier, avec le coach Lamouchi, j’avais Bourigeaud de mon côté et ça fonctionnait très bien. Cette saison, Ismaïla a commencé à gauche puis Lamouchi a commencé à le mettre avec moi. Depuis que le coach Julien est là, ça se passe à merveille parce qu’Ismaïla et moi, on est très proches. On est de bons amis, pratiquement tout le temps ensemble. Donc du coup, hors du terrain, on est bien et ensuite, sur le terrain, c’est obligé de bien se passer. Aujourd’hui, on est tous les deux en très grande forme, confiants. On essaye d’apporter notre vitesse, notre technique. Isma est un joueur très important pour nous. Moi, je l’essaye de l’aider offensivement. Lui, il m’aide offensivement. Ça fait qu’on combine bien. On arrive à se trouver les yeux fermés. J’espère qu’on va continuer à être bons sur ce côté et encore plus décisif parce qu’il y a des matches importants à venir.
Il y a le petit nerveux et le grand timide. Vous êtes très différents, malgré une histoire de vie assez similaire. Que vous apportez-vous l’un à l’autre ?
Je dirais qu’on a les mêmes valeurs. L’humilité, le travail, la solidarité. Penser à son prochain… Je pense que c’est ça qui fait qu’on se retrouve aussi facilement. Lui est timide, moi, je suis actif. Je pense que c’est une bonne combinaison. Lui, quand il n’est pas bien, j’arrive à trouver les mots, à le remettre dans le bain. Moi, quand je suis énervé, il arrive à trouver les mots pour me calmer. Il n’y a pas que lui, Abdou Diallo joue un rôle très important aussi, même si je suis plus âgé que lui. En tout cas, avec Isma, on est très proches et je pense que ça se voir sur le terrain et en dehors. Des fois, je vais manger chez lui, des fois, lui vient chez moi. On vit presque ensemble. Après les entraînements, je le dépose chez lui. Il y a aussi Mehdi Zeffane, M’Baye (Niang). On a un groupe où nous sommes très proches. Je pense que c’est ça aussi qui fait que ça marche bien sur le terrain.
Recueilli par Benjamin IDRAC et Mathieu COUREAU.