Récemment paraissait dans le journal « Le Monde » un article sur le désir de réforme du football de JM AULAS et sur sa vision d’une réorganisation des compétitions et de son économie. Cette parution est liée au bras de fer entre la ligue et la FFF concernant le nombre de clubs relégués de L1 en fin de saison. La Ligue avait proposé 2 descentes la FFF veut garder les 3 descentes actuelles.
C’est le bon moment, dixit AULAS… Il a raison, sauf que tous les moments sont bons, quand il s’agit de faire une réforme intelligente. Mais voilà, le mot est lâché, qu’est-ce qu’une réforme intelligente? Est-ce une réforme qui comme les trains peut en cacher une autre ? Est-ce une réforme qui voit plus loin que son propre intérêt ? Est-ce une réforme qui sera bonne sportivement dans le temps ? Est-ce une réforme qui solutionne un problème connu pour l’activité ?
On peut et on doit se poser une multitude de questions quand on entend parler de réforme dans quelques activités que ce soit.
Pour le moment, la réforme d’AULAS tient en un seul objectif avoué et probablement à un autre objectif, celui-là moins avoué, qui pourtant serait la conséquence directe du premier, puisqu’il irait dans le même sens : favoriser les clubs de l’élite.
Dans de nombreuses institutions, les réformes envisagées ont deux objectifs. Le premier qui est ce que le réformateur veut faire voir, la surface, l’habillage (c’est une spécialité des politiques); le deuxième moins avoué voire caché et donc non dit, le réel but à atteindre par cette réforme (la encore une spécialité des politiques).
Dans le football, et probablement dans toutes les activités, la plupart des nouvelles réformes ou règles concoctées par les « responsables » suivent cette façon de faire.
Une étude rapide de la réthorique du président Aulas nous le confirme.
C’est le bon moment, constitue une information (non vérifiée) qui tient lieu de première pièce au costume.
Mais si on admet que c’est toujours le bon moment pour les bonnes réformes, en toute logique, vouloir faire croire que c’est maintenant le bon moment, donne à penser que cette réforme n’est pas assez bonne pour être toujours valable.
Faire un nouveau syndicat, seconde pièce au costume.
C’est à la fois, se constituer une petite armée et une démonstration de force qui sont des arguments auxquels la majorité des gens est sensible. Une bonne tenue pour que cette réforme, avec l’appui de 99 % des futurs favorisés, prenne la route du succès.
Le problème est que la majorité des actionnaires de L1 ne font pas la majorité dans le football et qu’il ne faut jamais perdre de vue que, dans le sport, la qualité actuelle d’une équipe, par définition, ne se juge pas à l’aune du niveau atteint par cette équipe, mais à celui de ses récentes performances sur le terrain.
Enfin sécuriser les investisseurs, troisième pièce du costume…
Comme si, il n’y avait que les actionnaires des clubs de première division qui investissaient. Proportionnellement, il est bien plus difficile et bien plus risqué pour un investisseur de le faire au niveau du « National » (D3) qu’à un niveau plus haut.
Après avoir retaillé le costume habillant la réforme préconisée, il faut maintenant parler de l’objectif non dit, car moins avouable et susceptible d’envoyer cette réforme morte-née aux limbes
On voit très bien et on comprend vite pourquoi les 14-15 derniers clubs de L1 sont favorables à cette réforme. Elle diminue le risque de descendre pour eux de 33%.
On saisit moins l’intérêt des autres. Sauf si, par ce premier pas dans la sécurité, ils se soient assurés le soutien du plus grand nombre et que, dans la foulée de cette réforme, ces 5-6 clubs réclament une redistribution plus avantageuse des droits télévisuels, afin diront-ils, de pouvoir mieux lutter contre les grands clubs européens.
Car, et c’est bien le réel objectif du Président de l’OL : s’octroyer la part du lion sur les droits télévisuels, même si pour cela, ce club s’obligera à la partager avec d’autres tels que : l’OM, Monaco, Bordeaux, Lille sans oublier le PSG qui pourrait avoir moins d’effort à faire pour rester dans les clous du Fair-Play Financier de Michel PLATINI.
En effet, ce n’est pas une descente de plus qui mettra en danger de relégation ces « grands » clubs. Et comme une réforme doit, pour être bonne, dans un milieu de plus en plus opportuniste, profiter au plus vite à celui qui la propose… Peu importe que cela soit dommageable pour beaucoup d’autres clubs ou que cette réforme éloigne l’activité de sa vraie raison d’être et de l’éthique.
A mon sens, il ne faut pas chercher plus loin, le but réel de la volonté de réforme chez le président JM AULAS.
Alors reprenons les questions énoncés dans les premiers paragraphes pour y répondre.
Est-ce une réforme qui comme les trains peut en cacher une autre ? OUI
Est-ce une réforme qui voit plus loin que son propre intérêt ? NON
Est-ce une réforme qui sera bonne sportivement dans le temps ? NON
Est-ce une réforme qui solutionne au bénéfice de l’activité un problème connu ? NON.
Mais il est trop facile de se borner à critiquer le ou les projets de quelqu’un, sans ne rien proposer d’autre qu’un désaccord. Et puisque JM Aulas veut parler de réforme, alors nous allons en parler sérieusement.
Nous ne dirons pas que c’est le bon moment pour réformer le football, mais qu’il est urgent de le réformer pour tenter de sauver ce qui lui reste d’âme.
On ne trouvera pas de solution sans avoir bien analysé la problématique de cette activité dans sa globalité. Pour l’écrire autrement il nous faut bien situer les problèmes et en comprendre les raisons.
Voyons les principaux problèmes de l’activité foot dans l’ordre d’importance :
1 – l’économie des clubs en péril
2 – l’importance des agents dans les transferts
3 – l’absence de protection de la formation
4 – redonner au jeu offensif la priorité dans les rencontres
5 – l’organisation des compétitions et la profusion de règlements inadaptés
Les trois premiers points de la problématique sont directement la conséquence du système actuel de mutation de joueurs qui place agents et joueurs dans une situation confortable, propre à entretenir la surenchère dans les salaires et dans les transferts. Même si il est vrai, que la crainte d’une relégation, motive aussi les clubs à investir sur les joueurs sans souvent trop de discernement.
Solution : Changer le système de mutation et, sans porter atteinte à la liberté de travail des joueurs, rétablir entre les deux principaux protagonistes du football que sont les Clubs et les Joueurs, un réel équilibre. Avant l’affaire « Bosman » en Europe les dirigeants avaient l’avantage dans les négociations, depuis l’avantage est dans les mains des agents et des joueurs.
Dans nos publications sur ce site, vous trouverez le système que nous préconisons pour rétablir cet équilibre (voir DNC ou ZAP dans JMG Evolution dans le site).
Le point 4.
Donner une priorité au jeu offensif dans l’esprit des entraîneurs, n’est pas aussi difficile qu’on veut le faire croire.
a) En premier, il faut très vite régler le problème de l’arbitrage. En effet, pour que le jeu soit plus juste et encouragé, il convient qu’il soit bien arbitré, sinon il dégénère aussi bien sur le terrain, que dans les tribunes. L’arbitrage est un gros point noir dans le football.
Quand le football met en place un système capable de valider si le ballon a bien passé la ligne, devons-nous rappeler aux dirigeants, que le réel besoin de ce système se manifestera pas plus que 5 à 10 fois environ par saison, et ceci pour les deux premières divisions. Alors, que faisons-nous pour les tirages de maillots dans la surface de réparation sur chaque corner et les hors-jeu litigieux, bien plus fréquents ? Rien ! Voilà un bien étrange sens des priorités.
Autant dire que cette attitude, laisse toute liberté à l’arbitre d’être, plus que chaque joueur, la personne la plus influente sur le résultat du match. A l’époque des paris sur les matches, cela nous paraît vraiment très léger.
b) Changer le système de formation à la française qui n’a pas du tout un bon rapport qualité-prix et qui, en dépit de toute logique, est financé en grande partie par les pouvoirs publics.
c) Enfin, valoriser la victoire mais pas de manière injuste et illogique du système actuel 3 points et 1 point.
Solutions :
En premier l’arbitrage-Vidéo. Nous militons depuis longtemps comme Michel PLATINI (sauf que nous, n’avons pas changé d’avis) pour mettre en place l’Arbitrage-Video qui pourrait rendre plus juste, plus émouvant, plus vrai et plus beau le jeu sur le terrain (un dossier sur cette évolution paraîtra sur ce site très bientôt).
Changer le système de formation. En effet, à notre sens, la formation est une affaire de spécialistes. Retirez les subventions publiques que reçoivent les clubs pour faire de la formation, et vous aurez réglez une partie du problème. En effet, beaucoup de clubs cesseraient immédiatement de la faire, ce qui serait bon pour le foot. Tout le monde sait qu’en France, telle qu’elle est organisée, elle n’est pas rentable et, si elle l’est par endroit, elle le serait beaucoup plus si elle était mieux organisée. Le paragraphe suivant sera, à notre sens, suffisant pour le démontrer.
Les deux premiers principes d’une bonne formation d’élite est de privilégier la qualité à la quantité et de regrouper les meilleurs talents dans un même endroit.
En France on fait exactement l’inverse.
On disperse le talent dans 40 centres de formation et on noie les quelques talents de chaque club parmi des joueurs moyens pour pouvoir faire des compétitions de jeunes imposées par la fédération.
De plus, comme on juge un éducateur de formation davantage sur les résultats de ses équipes que sur la qualité du jeu de ces équipes, forcément ces derniers pensent d’abord à gagner plutôt qu’à jouer.
On assiste donc logiquement à un recrutement tourné vers le physique qui chez les jeunes suffit sans trop faire d’efforts, le plus souvent à assurer des résultats.
Instaurer un système de Bonus – Malus accordant pour plus de deux buts d’écart un point de bonus à l’équipe gagnante et un point de malus à l’équipe perdante. Cela contribuerait à redonner de l’intérêt pour le score du match lui même. En effet, une équipe menée par 3 buts, comme une équipe menant par 2 buts, auraient toutes les deux envie d’inscrire un autre but. Cela redonneraient donc naturellement au jeu toute son importance et par conséquent une plus grande incertitude au classement.
Enfin le point 5 : organisation des compétitions et réglementation inadaptée…
Bien qu’il y ait beaucoup à dire, c’est la rubrique qui vient pour nous en dernière position et qui pourtant serait aujourd’hui dans l’esprit de tous nos présidents de clubs de L1 la plus importante.
Vouloir diminuer le nombre d’équipes concernées par la promotion-relégation, n’est pas en soi une bonne chose. À terme cela reviendrait à donner à 20 sociétés le monopole du football professionnel d’élite alors qu’un des principes du sport en Europe est de rester ouvert à tous.
Solutions : Il y a une autre manière beaucoup plus sportive et plus juste de sélectionner les représentants d’un niveau. Celle de la confrontation sportive entre les prétendants dans une sorte de barrage. Trois descentes et trois montées, cela donne au final 6 clubs qui pourraient s’affronter pour décider lesquels obtiendraient le droit de rester ou d’être promus en L1.
Cela pourrait se faire en donnant par exemple un avantage de 1 point à l’antépénultième sur l’avant dernier; 2 points sur le dernier de L1 et sur le premier de L2; 3 points sur le second de L2 ; et 4 points sur le 3e de L2.
Ainsi, nous aurions au terme de ces barrages une sélection des meilleurs et nous serions dans l’éthique du sport qui les consacre sur le terrain en les opposant les uns aux autres.
En parlant de réglementation inadaptée, la première chose qui nous vient à l’esprit est l’inutilité des deux clowns derrière les buts que l’arbitrage vidéo supprimerait rapidement ainsi que les arbitres de touches à qui on demande souvent l’impossible. Quand on sait que le règlement spécifie qu’un joueur est hors-jeu si, et seulement si, au moment de la passe (qui peut venir de 40 mètres ), une seule partie du corps de l’attaquant est plus rapprochée du but attaqué que l’un de ses adversaires. Impossible de ne pas faire une fois sur deux une erreur.
Ce n’est même pas la peine de parler du Fair-Play Financier qui était, dès le départ, une absurdité économique. Ce qui se passe avec des sanctions négociées le condamne. Ces règles existent par incompétence. Si notre façon de réglementer les mutations de joueurs était adoptée, elles n’existeraient pas.
La règle UEFA des 8 joueurs formés nationalement est une grosse erreur (voir article déjà paru sur ce site ayant pour titre « la Commission se réveille »).
Elle a eu comme principale conséquence que les grand clubs se battent pour recruter des jeunes talents et surenchérissent pour donner de l’argent aux parents. Elle est aussi pour les petits pays (Suisse, Belgique, Autriche…) un gros handicap pour avoir dans les effectifs de leurs clubs en coupe d’Europe 8 joueurs formés localement de qualité. Encore un avantage de plus pour les grand pays au détriment des plus faibles…
Cette rapide analyse démontre que les institutions ne sont pas à la hauteur pour régler valablement dans le temps les problèmes. Laisser s’instaurer l’achat aux parents de « gamins » de 13 – 15 ans n’est pas moral, illégal et inefficace de surcroît, car c’est sans aucun doute courir le risque de faire perdre la tête et faire perdre pied aux gamins qui se croiront déjà arrivés avant d’avoir commencé.
God save the soccer…