Suite à l’article écrit par Mr Moussa Diallo dans lemonde.fr « Mondial des moins de 20 ans : Mali et Sénégal, les chantiers de la réussite », nous souhaitons répondre pour faire une mise au point par rapport à ses propos.
Cher Moussa,
En premier nous devons te remercier d’être l’un des seuls à avoir souligné que le travail effectué au Sénégal par Diambars et au Mali par l’Académie JMG Mali a porté ses fruits lors de la dernière coupe du monde des moins de 20 ans.
En revanche, j’ai relevé quelques petites erreurs d’une part ce n’est pas 8 ex-Académiciens qu’il y avait dans l’équipe mais 6. Parmi eux, celui qui a eu le ballon d’or et le titre du meilleur joueur du tournoi et qui n’a pas eu le moindre mot de remerciement pour les 6 à 7 années passées à l’Académie logé, nourrit, soigné, éduqué sans que cela n’ait semble-t-il développé chez lui, le moindre sentiment de gratitude.
De plus, nous faire passer comme des gens principalement intéressés à la vente des joueurs plutôt que de développer le football local relève d’une mauvaise foi sans égale.
En effet, nous avons nous-mêmes investi sur les 7-8 dernières années un peu plus de 5 millions d’euros sans la moindre aide de qui que ce soit et nous sommes encore loin d’avoir récupéré le 1/10 de nos investissements. Si vous connaissez des personnes qui après avoir investit ces sommes pendant presque 8 ans, et qui après ces années d’efforts, ne songent pas à faire entrer de l’argent lors d’éventuels transferts, je souhaite que vous nous les présentiez.
De mémoire, il me semble que Diambars que vous nous avez comparé, ont été aidés par de multiples subventions (Europe, Conseil général du Nord, FIFA) ce que nous avons toujours refusé afin que nos mérites en cas de retours financiers ne souffrent pas de discussion ni même de présomption de gain illicite.
Donc, votre affirmation concernant notre état d’esprit, même si bien entendu elle n’est pas totalement fausse, aurait été appréciée si elle avait été complète. Oublier les risques que nous prenons dans un milieu où les valeurs ne sont plus ce qu’elles étaient (les agents sont passés par là). Oublier l’argent que nous avons investit. Dire que nous ne travaillons pas pour le football local alors que la plupart de nos joueurs font une à deux saisons avec le Réal de Bamako. Et puis, avons nous le pouvoir de mieux organiser ce football local ? Non ! Et figurez-vous que personne ne veut nous le donner, cela quelque soit le pays ! Si c’était le cas, il serait beaucoup mieux organisé.
Votre affirmation démontre que vous êtes comme le premier supporter venu. Vous ne voulez voir que ce qui apparaît à la surface. Or, un journaliste est là pour creuser les questions et dire toutes les vérités. Et puisque nous sommes au chapitre des vérités, n’oublions pas de souligner que si nos académiciens ne participent pas aux compétitions plus jeunes, c’est tout simplement parce que la triche sur l’âge est généralisée dans ces catégories et que nous refusons cette pratique.
Pourtant, si nous ne devions penser en premier qu’à l’argent, comme vous le dites, alors nous aurions intérêt à diminuer l’âge de tous nos joueurs afin de les vendre mieux et plus chers. C’est ce principe qui nous coûté le départ du meilleur joueur du mondial U20 qui vient de se dérouler parce qu’un agent sans scrupules n’a pas hésité une seconde lui à tricher.
Garder cela en mémoire la prochaine fois que vous parlerez de nous, car avec la philosophie que nous avons dans nos académies, dire de nous que notre première idée est de faire de l’argent est non seulement faux mais surtout très injuste. Je ne nie pas que nous sommes une société et comme toute société nous avons le devoir de gagner plus que nos charges au risque de disparaître.
En tous cas, ce sont des propos tels que les vôtres plein de sous-entendus qui font la part belle aux vrais escrocs qu’est la grande majorité des agents de joueurs qui eux méritent là pour le moins d’associer le nom d’agent à un vrai air d’argent. Pour le moment, les efforts que nous avons faits, profitent plus aux fédérations des pays où nous travaillons qu’à nous ! Ajoutons à ces bénéficiaires les quelques fieffés agents de joueurs qui ont su détourner les meilleurs joueurs et toucher le jackpot en nous escroquant avec la bénédiction des règlements fédéraux et internationaux totalement obsolètes en la matière.
Voilà un débat que peu de journalistes mettent sur la table et pourtant pour le football dans sa globalité en Afrique ou ailleurs, c’est bien là qu’est le problème.