Tu te demandes parfois quelle carrière tu aurais faite si tu n’avais pas été accepté par Jean-Marc Guillou ? Il t’avait pris au coup de gong, sur le buzzer…
Quel truc de fou ! Quand je me présente là-bas pour entrer, c’est hors de question, je suis déjà un peu trop âgé. Mais je fais le forcing. Je fraude des bus, je marche parfois deux, trois ou quatre heures pour aller me planter devant l’entrée de l’académie, je donne des courriers à des amis pour qu’ils les remettent à Guillou. Mais ça ne change rien.
Un jour, l’ASEC Abidjan, le club dont l’académie fait partie, organise un recrutement de gardiens. Je suis tellement prêt à tout pour recevoir une chance que je m’y inscris alors que je n’ai jamais joué dans les buts, sauf quelques minutes de temps en temps dans nos petits matches entre quartiers. Ils retiennent une quarantaine de gardiens et je ne suis pas dedans. Puis, un soir, tout bascule. Je suis chez des amis pour regarder à la télé un match du championnat de France. Le lendemain, quand je me lève, ma mère me dit : -Quelqu’un de l’académie est passé hier, tu peux aller t’entraîner là-bas aujourd’hui. Je ne la crois pas : -Tu rigoles ou quoi ? Je balance le sac de mon club, et comme je n’ai pas l’argent pour prendre les bus qui peuvent me conduire à l’académie, je commence par courir trois quarts d’heure jusqu’à l’arrêt où je peux prendre le direct vers le centre. Au moment où je l’attends, je vois passer le car de l’ASEC. Je fais des grands signes, je me mets à courir derrière, des joueurs me reconnaissent et font arrêter le chauffeur, je monte. Des gars me disent : -Copa, c’est toi qu’on veut, ils ont fait venir plein de gardiens, ces gars-là ne valent rien du tout. Moi, j’ai toujours envie de jouer dans le jeu. Quand on arrive à l’académie, on ne me demande pas mon avis, on m’envoie dans le but. Et on me bombarde directement : des frappes, des frappes, des frappes ! Quand je remonte sur le terrain pour la séance de l’après-midi, j’ai des bandages partout, je suis complètement cassé. Et là, Guillou me dit : -Tu pourrais peut-être faire carrière comme joueur de champ, mais dans le goal, tu as sûrement un avenir.
Par Pierre Danoye retrouvez l’interview de Copa dans Sport/Foot Magazine