Comment est né l’idée de vos académies ?
J’ai toujours pensé que le football pouvait concilier spectacle et résultat et qu’une bonne formation pouvait nourrir cette idée. J’en avais parlé à Georges Boulogne en lui faisant la critique de la formation française. Il m’a mis au défi de le faire. Un an plus tard, je suis allé en Afrique pour relever ce défi, car il y avait là-bas beaucoup de talent chez les tout jeunes joueurs et personne ne s’en occupait. La réussite d’Abidjan a fait depuis école.
Quelle est a été l’importance de vos académies dans le développement du foot africain ?
Difficile à dire. La réussite des jeunes de côte d’Ivoire a fait beaucoup d’émules en Afrique. Tout le monde a pensé que c’était facile à faire et le nombre de centres de formation a connu une progression quasi géométrique avec pour raison un gros espoir de gain. Probablement que le football d’Afrique et les jeunes africains en ont tirés quelques bénéfices. En revanche, d’une manière certaine, je peux affirmer que nous changeons la vie de tous les jeunes qui entrent dans nos académies.
Quelle est la réalité de la formation aujourd’hui en Afrique ?
La réalité en Afrique c’est : beaucoup de centres, d’école, d’Académies de football, mais la plupart du temps pas assez d’investissements, pas assez de réelles compétences pour assurer une bonne formation.
On voit cependant quelques projet avec d’énormes investissements comme Aspire au Qatar ou académie de Mohamed 5 au Maroc, mais qui semblent avoir oublié, à constater leurs résultats, l’essentiel : la compétence des formateurs munis d’une vraie philosophie de jeu.
Je crois que nous sommes dans la bonne mesure. Nous investissons beaucoup mais jamais dans le superflu. De plus, nous avons plus de 20 ans d’expérience et malgré notre réussite quasiment partout où nous sommes nous essayons de toujours faire mieux.
Comment lutter contre les faux agents qui sévisssent en Afrique et comment retarder l’âge de migration des jeunes mineurs africains ?
Il suffirait d’édicter des règles intelligentes en matière de transfert des joueurs et donc de protection de la formation. Ce système existe. Nous l’avons mis en ligne sur le compte Facebook de notre société.
Quand vous parlez de retardez l’âge de la migration des joueurs africains, je peux vous certifier que cela n’est pas le problème. Quand un africain part à 18 ans pour aller jouer en Europe, 99 autres sur cent partent en avouant 18 ans et ils en ont au moins de 3 à 6 de plus. Cette triche systématique est réellement un problème en Afrique.
Quelle est la réalité des politiques (fédés africaines, instances du football) pour lutter contre ce phénomène ?
Les fédérations africaines devraient êtres nos principaux clients. Les instances du football devraient nous encourager, au lieu de cela, la FIFA par exemple s’approprie de manière déloyale les gros marchés du football en Inde et en Chine en bâtissant des projets de formation sans en avoir vraiment les compétences et sans que cela soit leur métier et leur raison d’être.
La réalité des politiques des fédérations et des instances semble être plus liée aux produits financiers que ces instances peuvent recevoir dans le court terme qu’a chercher des solutions aux vrais problèmes du football notamment ceux que connaissent les clubs (voir leur économie), les structures de formations (pas ou peu de protection) telle que la nôtre et le jeu avec un arbitrage qui s’avère de plus en plus désuet…
Le problème des agents, à comparer n’est pas si important. Il est normal que les joueurs aient des agents ou conseillers, mais il est anormal de ne pas traiter les problèmes que je viens de citer plus haut.
Trouvez vous que les stars du foot africain s’investissent beaucoup pour le développement du foot africain ?
Je pense qu’il ne s’investissent pas assez. J’espère que les plus capables s’investiront bientôt pour prendre le pouvoir au niveau du football en Afrique avec de vrai programme de développement.
Nous pouvons leur faire un programme qui pourrait changer profondément le football africain en moins de 10 ans si de nouveaux dirigeants ex-internationaux capables de bousculer les préjugés et les règlements dépassés du football prenaient le pouvoir.
C’est un peu vrai aussi en Europe, même si l’arrivée de Michel Platini m’a fait beaucoup espérer. Malheureusement, si il pose souvent les bonnes questions, selon moi, il n’a pas encore donné les bonnes réponses. Cela dit, comme je pense qu’il va devenir le prochain homme fort de la FIFA, il apportera probablement un peu d’air pur. Et comme il a déjà changé d’idée concernant l’arbitrage vidéo il n’est pas exclu que le bons sens sur ce point lui revienne…
Romain Schneider LE FIGARO